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Et si la beauté se cachait dans les fêlures ?

  • Photo du rédacteur: Nathalie Richer - Luna Nath
    Nathalie Richer - Luna Nath
  • 19 nov.
  • 2 min de lecture
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Tout comme certains fruits trop biscornus ou légumes trop tordus, il existe des pierres que l’on rejette. Trop abîmées, trop irrégulières, trop éloignées de l’image que l’on se fait de la perfection. On me dit parfois : « C’est dommage, elle est fendue… » Mais c’est justement là que réside sa magie. Dans cette faille, dans cette cicatrice, dans cette aspérité qui la rend unique. Une pierre imparfaite ne cherche pas à plaire, elle affirme simplement sa vérité.


Quand je présente ces pierres aux enfants, le charme opère. Ils les choisissent avec le cœur, sans se soucier de leur apparence. Ce sont les adultes qui, souvent, interviennent : « Tu es sûr ? Tu ne préfères pas celle-là ? Elle est plus jolie… » Comme si la beauté devait toujours être lisse, polie, conforme.


Mais qu’est-ce que la beauté, au fond ? Peut-on vraiment la réduire à une surface ? La vertu d’une pierre ne se mesure pas à son éclat, mais à ce qu’elle nous fait ressentir. Et ce ressenti, lui, échappe aux filtres des médias, aux normes sociales, aux croyances héritées. Il appartient à l’intime, à l’invisible, à l’intuition.


Car ce que je défends ici, ce n’est pas seulement le droit des pierres à être « moches ». C’est une invitation à regarder autrement. À écouter ce qui vibre en nous, plutôt que ce que l’œil juge. À faire confiance à notre ressenti, même quand il va à contre-courant.


L’apparence peut nous tromper. Qui n’a jamais eu peur en croyant voir une chose effrayante, pour découvrir ensuite qu’il ne s’agissait que d’une ombre, d’un reflet, d’une branche ? Une fois, j’ai aidé une personne persuadée d’avoir été mordue par un serpent. Son corps tout entier s’est mis en alerte, en panique. Mais il n’y avait pas de serpent. Juste une branche piquante, et un imaginaire en surchauffe.


Alors, est-ce que la beauté d’une pierre, ou d’un être humain, est vraiment ce que nous voyons ? Ou bien ce que nous ressentons, ce que nous reconnaissons, ce que nous choisissons d’aimer ?


Et toi… as-tu déjà vécu ce moment où, bloqué·e par une apparence, tu passes à côté d’une rencontre précieuse ? Ce n’est pas toujours une question de beauté physique. Parfois, c’est une impression fugace : une voix trop calme, un regard trop distant, une posture trop rigide, qui nous fait croire que l’autre est froid, fermé, ennuyeux… alors qu’il cache peut-être un monde intérieur vibrant, doux, lumineux.

Il suffit d’un pas de côté, d’un regard plus lent, d’un silence partagé… et tout bascule. L’étrangeté devient familiarité. La distance devient lien. Et ce que l’on croyait terne se révèle riche, profond, inattendu.

Alors, si une pierre imparfaite peut toucher le cœur d’un enfant, pourquoi ne pas offrir cette même chance à ceux que l’on croise ? Derrière chaque aspérité, il y a peut-être une lumière qui attend d’être vue autrement.


Et si la beauté, finalement, était une rencontre avec ce que l’on n’attendait pas…

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